Il était une fois… la proprioception (Partie 2)

Il était une fois… la proprioception (Partie 2)

Après la première partie de ce dossier sur la proprioception dédiée à une approche théorique, nous vous proposons de poursuivre ce second et dernier volet, par un versant plus pratique consacré : à une revue de littérature concernant les effets de l’entraînement sur surfaces instables; puis à des perspectives sur la manière d’aborder la proprioception dans vos entraînements. Bonne suite.

RÉSUMÉ du dossier : La proprioception, qu’est-ce que c’est ?

Retrouvez un préalable concernant la manière de définir et d’entraîner la proprioception.

(Interview réalisée par le site et l’application Tonsser)

Effets de l’entraînement sur surfaces instables : revue de littérature

Dans l’expression de la proprioception, une stabilité optimale étant fondamentale à la performance (Comerford et al., 2001) – comme nous l’avons conclu dans la partie 1 – il est pratique courante d’incorporer des exercices d’équilibre dans le programme d’entraînement des athlètes qui désirent rester compétitifs le plus longtemps possible, sans se blesser.

Inspirées des protocoles de rééducation utilisés en kinésithérapie, les surfaces instables sont dès lors employées avec la volonté d’améliorer la stabilité articulaire par la recherche de co-contractions agoniste-antagoniste appropriées, de stimuler le taux de développement de la force (Rate of Force Development : RFD) (Cressey et al., 2007), la stabilité réactive et la capacité du pied à agir comme un adaptateur efficace et mobile (Lewindon et Joyce, 2008).

Cependant, de nombreux avis mitigés demeurent pour cette approche jugée non-spécifique à la pratique d’un grand nombre de disciplines sportives. Reflétant les contradictions scientifiques auxquelles la thématique est sujette, entre les études qui signalent des améliorations globales de l’équilibre par l’entraînement sur ces surfaces alors que d’autres ne rapportent des effets que sur les tâches spécifiquement entraînées (Kümmel et al., 2016).

Il n’y a aucune preuve que l’entraînement sur surfaces instables augmente la proprioception (NDLR : des chevilles). Bien qu’il puisse augmenter la coordination et l’équilibre, ce n’est pas la même chose que la proprioception (Eriksson, 2001). Et au risque d’en faire bondir certains (attention à la retombée tout de même, surtout si vous vous trouvez sur un Bosu® ball…), certains auteurs n’hésitent pas à remettre en cause la conception d’une capacité d’équilibre général et à comparer l’entraînement sur surfaces instables à « une perte de temps » (Van Hooren, 2016). Un brin provocateur ? Voyons ensemble.

Nous avons déjà tous entendu parler de Freeman et son célèbre plateau sphérique (photo 1) (les plus facétieux diront de ne pas confondre avec l’acteur américain ou le compositeur du groupe de rap marseillais IAM), sans forcément avoir eu la curiosité de se pencher sur la teneur de ses travaux réalisés dans le contexte du traitement des entorses de chevilles dans les années 1960 (pour les plus curieux : Instability of the foot after injuries to the lateral ligament of the ankle – Reflex innervation of the ankle joint). Et grâce auxquels la rééducation proprioceptive, abordée par les kinésithérapeutes, et dont nous nous inspirons, à vu le jour. L’idée était de suppléer le déficit des récepteurs ligamentaires par une stimulation accrue des FNM (fuseaux neuromusculaires ou muscle spindles en anglais), au travers des protocoles sur plans stables puis instables (Barsi, 2012). Or, ce principe bien qu’il puisse paraître intéressant en théorie et en terme de résultats cliniques obtenus dans une approche rééducative, a en pratique, trouvé ses limites lorsqu’il est rapporté à l’amélioration de la proprioception et à une optique de performance.

Plateau de Freeman

Photo 1 – Plateau de Freeman

 

Rééducation, réathlétisation et surfaces instables 

« L’entraînement en instabilité est considéré comme bénéfique en tant qu’outil de rééducation » (Kohler, 2010). S’appuyant sur les travaux d’Anderson et Behm (2004, 2005), Kohler et son équipe précisent « qu’un niveau équivalent d’activation musculaire peut se produire en utilisant moins de résistance, tout en sollicitant le tronc et les stabilisateurs articulaires pendant l’exercice ». Et tout les avantages que cela pourrait procurer dans la prise en charge d’un sportif ou d’une personne blessé(e) : l’entraînement avec des charges réduites sur une surface instable pourrait entraîner moins de forces de compression sur les segments du corps et donc engendrer moins de stress pendant la rééducation. La répartition des contraintes autour de l’articulation pouvant expliquer une augmentation plus ou moins importante de l’activité des muscles antagonistes (selon les auteurs) et surtout de celle des synergistes observées en contrepartie d’une diminution de la force produite (Behm et al., 2002; McBride et al., 2006). Comme nous l’aborderons plus loin.

Dans la continuité des travaux de Freeman, McHugh et al. (2007) ont mis en évidence l’utilité de protocoles d’entraînement en instabilité dans la prévention des blessures à la cheville, pour lesquels cinq minutes par jour suffiraient pour produire une réduction significative du risque de blessure(s) sans contact au cours d’une saison…

Un intérêt clairement identifié par les physiothérapeutes (et des concepteurs) dans le cadre d’une restauration des fonctions articulaires (Mori A., 2004) qui a grandement contribué à l’avènement et l’évolution des divers outils et procédés d’instabilité (Chanussot et Danowski, 2001).
Plus que par la restriction des sollicitations articulaires avec les premiers modèles de plateau (de Castaing), puis l’évolution vers une forme tridimensionnelle avec les plateaux de Freeman (et plus récemment encore avec le concept Myolux : photo 2), sans compter tous les dispositifs gonflables comme le Bosu®, les coussins dits de « proprioception »…etc; c’est aussi et surtout en terme de recrutement neuromusculaire qu’un enrichissement a du être apporté (Barsi, 2012). Et l’intention que les praticiens ont eu, entre autre, d’inclure les techniques de PNF (Proprioceptive Neuro Facilitation) ou Kabat – approche manuelle qui consiste à précéder la contraction des muscles par leur mise en tension et un étirement bref (cela doit vous rappeler quelque chose : cf. partie 1) – Bobath ou Feldenkrais pour ne citer qu’elles, au préalable des exercices proposés sur différentes surfaces stables puis instables. En vue de « conditions de recrutement plus extrêmes » qui ne suffisent pas à la seule utilisation de ces surfaces ou matériels : le taux, la fréquence et la gravité encore importants des pathologies des membres inférieures malgré leur usage l’attestent, en particulier chez les sujets sains (Söderman et al., 2000; Konradsen, 2002; Verhagen et al., 2004).

Ajouté à cela, à l’instar des investigations de Ashton-Miller (2001) et nos constatations sur les latences du système neuromusculaire abordées en première partie, les travaux originels de Thonnard (1988) grandement repris, ont montré que le laps de temps nécessaire à la survenue d’une lésion ligamentaire (≃ 30 ms) était très inférieur à celui de la réponse musculaire correctrice (≃ 60 à 70 ms) initiée par la boucle de rétroaction. Barsi expliquant que « la rééducation proprioceptive est souvent réduite à la notion de placement du patient dans des conditions de déstabilisations […] » et « il ne s’agit pas seulement de pousser sur le patient pour faire du proprioceptif et entraîner une contraction des muscles périarticulaires sans autres distinctions. […] de ces constatations est née l’idée de développer des réponses, anticipées, programmées à l’avance par un apprentissage dans des situations de plus en plus complexes et risquées » afin d’aider le patient à retrouver le sens proprioceptif sans lequel « la rééducation proprioceptive ne peut se concevoir ».

Concept Myolux

Photo 2 – Le concept Myolux gamme « medik » (Source : Myolux)

L’emploi des surfaces ou matériels instables qui a donc sa part belle dans une rééducation ou réathlétisation musculo-articulaire progressive et globale, reste toutefois fortement limitée pour ne pas dire inexistante pour la proprioception et donc la prédiction des accidents d’instabilité. « En s’entraînant simplement sur surfaces instables et autres, ne suffira pas à récupérer une fonction [musculo-articulaire] correcte » (Bosch, 2015). Aussi, le déficit de force produite et malgré la supposée activation musculaire lors d’exercices à faibles charges constaté lors de ces pratiques (Behm et al., 2010), si on s’appuie sur les observations scientifiques et la logique des préférences motrices, implique pour le système sensori-moteur d’accentuer les mécanismes de compensations (cf. partie 1). Et finalement, d’aller à l’encontre du but recherché lorsqu’elles sont systématiquement employées dans nos entraînements : (ré)équilibrer à défaut de pouvoir remédier à coup sûr, à une dysfonction musculo-articulaire. La présumée plus grande participation des muscles antagonistes et surtout des synergistes (hypothèse plus probable) constatée par Behm et al. (2002), comme les observations faites par Zemková (2016) concernant les effets de la fatigue lors d’un mouvement de chest press plus marqués sur un plan stable que sur un plan instable, soutiennent cette position. La praticité des surfaces instables sur une population saine étant sans fondement (Cressey et al., 2007; Kohler, 2010). A l’image des dernières études sur les entorses latérales de cheville (LAS : Lateral ankle sprain), les exercices sur surfaces instables ne ciblent pas la proprioception, bien au contraire : ils court-circuiteraient les informations sensorielles en provenance de la cheville et du pied (!)  (Kiers et al., 2012). A quelques exceptions près, le pied est un peu le laissé-pour-compte du milieu de l’entraînement soit dit en passant…

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Renforcement musculaire et surfaces instables

Kiers et ses collaborateurs, ont dès lors émis l’hypothèse que l’instabilité occasionnée par une surface instable obligeait le système nerveux central (SNC) à une réorganisation sensori-motrice : reporter la gestion de l’équilibre à l’étage sus-jacent, à savoir dans ce cas, la région lombaire. En effet, il est majoritairement admis que le travail en instabilité engage d’avantage les muscles abdominaux et posturaux (Anderson et Behm, 2005; Marshall et Murphy, 2005; Marshall et Murphy, 2006; Sternlicht et al., 2007; Behm et al., 2010).

Cette croyance assez répandue selon laquelle le moyen le plus efficace de recruter les muscles stabilisateurs du tronc ou du « core » (muscles des régions abdominale et lombo-pelvienne) est de réaliser les exercices traditionnels sur des surfaces instables; au vu des résultats mitigés obtenus au cours de différentes études, manque encore de preuves scientifiques concluantes (Lawrence et Carlson, 2015).

Pour illustration, ces différentes études citées ayant utilisé la même charge absolue dans toutes les conditions alors que la charge relative reste plus importante sur une surface stable comparée aux conditions sur une surface instable. Et pour la majorité d’entre elles, effectuées auprès d’une population non entraînée et même parfois « complètement déconditionnée » (Cressey et al., 2007). Sans parler des différentes modalités de placement et d’exécution (photos 3 à 6) qui restent discutables desquelles l’efficacité et les résultats obtenus dépendent irrémédiablement (Sternlicht et al., 2007). Ou de l’hétérogénéité dans la durée des expériences allant d’une session unique à six mois d’études (Aman et al., 2015). Un manque de pertinence que confient leurs auteurs eux-mêmes.

 

Pour Fowles (2010), l’approche ne constitue pas la meilleure stratégie en toute situation. L’auteur qui s’appuie sur la prise de position de Behm et al. et de la Canadian Society for Exercise Physiology (2010) mentionne la propension d’un grand nombre d’entraîneurs, de coachs et d’athlètes à vouloir utiliser l’entraînement en instabilité de manière intensive dans le désir d’accentuer la difficulté des exercices de base comme par exemple les squats. Précisant que cela reste concevable, à condition que le niveau de stabilité et la technique concordent, l’exercice devant être adapté il va de soi. Il spécifie que la musculature du « core » (squelette axial et ses tissus mous) doit être entraînée en endurance, le renforcement musculaire, la force et la puissance envisagés au travers d’autres procédés et exercices plus adaptés.

Cressey et al. (2007) font remarquer dans le modèle des chaines cinétiques, l’importance de différencier : l’instabilité au niveau du pied qui requiert une surface stable dans la régulation du centre de gravité (CoM : Center of Mass ou CoP : Center of Pressure) rejoignant les constatations de Ivanenko et al. (1999) et Brumagne et al. (2008) – pour assurer la transmission de ses informations sensorielles et de celles de la cheville au SNC – lors de la majorité des mouvements athlétiques en chaine cinétique fermée; et l’instabilité appliquée au niveau du tronc et surtout des bras plus sujets à être soumis à diverses situations de déséquilibre avec recherche d’une base de stabilisation (chaine cinétique ouverte). À cet égard, ils considèrent plus utile d’employer les surfaces instables comme par exemple un « stability ball » ou swiss ball pour renforcer la musculature du tronc et du haut du corps plutôt que pour les exercices ciblant les membres inférieurs, ce qui rejoint ce que nous avons vu plus haut. Tout en mettant en garde ces mêmes professionnels et coachs de la condition physique grands adeptes des surfaces instables : elles sont à consommer avec modération en dehors de toute rééducation ou réathlétisation.

Martuscello et al. (2013) au travers une revue de littérature, ont tenté d’identifier selon les résultats obtenus à l’EMG (électromyographie : ⚠️ une technique intéressante mais pas fiable à 100 %), les exercices les plus efficaces pour l’activation de trois muscles « posturaux » essentiels : lumbar multifidus, transverse abdominis, quadratus lumborum. Ces principaux muscles toniques riches en récepteurs proprioceptifs (notamment le multifidus) conditionnent la stabilité de la région lombo-sacrée qui joue un rôle clé dans le contrôle du bassin et de là, l’équilibre et la posture globale (cf. mon dossier sur le mal de dos et les lombalgies). Ils ont entre autre recensé une activité EMG plus importante des muscles multifides de la région lombaire durant les exercices avec charges libres qu’avec swiss ball ou avec Bosu (Willardson et al., 2009). Une activation similaire du muscle transverse durant des exercices de core stability et avec swiss ball. Pour le carré des lombes, aucune étude valide ayant été référencée. Les auteurs concluant l’intérêt supérieur des exercices polyarticulaires avec charges libres.

Dans notre quête d’une stabilité optimale, Slijper et Latash (2000) avaient de leur côté, déjà étudié les effets de l’instabilité sur les ajustements posturaux anticipatoires (APA’s : Anticipatory Postural Adjustements) au niveau des muscles des jambes (tibialis anterior, soleus, rectus femoris, biceps femoris), du tronc (rectus abdominis, erector spinae) et des bras (biceps brachii, triceps brachiiflexor carpi radialis, extensor carpi ulnaris), lors d’actions de touché ou de saisie en station érigée.
Cela leurs avait permis d’examiner par EMG, plateforme de force et accéléromètre, différentes stratégies adoptées par les sujets de l’étude pour la régulation de leur centre de masse (cf. Homéostasie posturale, segmentaire et proprioception) à trois niveaux : musculaire (muscle isolé), articulaire (couple agoniste-antagoniste) et postural (muscles des jambes et du tronc). Partant du postulat que dans les conditions d’une approche systémique, le système nerveux central (SNC) ne contrôlerait pas les muscles isolément mais plutôt en tant qu’unités structurelles constituant un ensemble musculo-articulaire spécifique à une tâche; ils ont pu constater lors d’une action de touché, une diminution plus importante (que celle déjà établie) de l’activité posturale des muscles des jambes et du tronc en position debout sur une surface instable et peu de changements dans les muscles du bras. Aucune différence n’étant constatée lors d’une action de saisie dans les mêmes conditions, si ce n’est une augmentation significative de l’activité des muscles du membre supérieur. Il en ressort qu’au delà des diverses stratégies adoptées par chaque sujet dans ces conditions de tâches, l’étude confirme la fonction des muscles des jambes et du tronc pour la stabilité posturale – la gestion du centre de masse par le SNC durant les ajustements posturaux anticipatoires, étant  » le point le plus important » – et des muscles du bras pour la stabilité articulaire. Dans les deux cas, et malgré les faibles sollicitations employées, limite consentie par les auteurs à propos de leur étude, la coactivation musculaire semble être la stratégie privilégiée par les systèmes mis en jeu. Un argument en faveur des cocontractions induites par l’instabilité, c’est-à-dire au degré d’implication du ou des muscles agonistes et antagonistes sans lesquels la tâche ne pourrait être réalisée. Pour autant, et en plus de la réorganisation sensori-motrice mentionnée au début de ce paragraphe, cela pose de nombreux problèmes d’un point de vue de l’efficience musculaire, à commencer par la production force si nécessaire à la performance.

Comme l’affirment Broussal-Derval et Delacourt (2015) se référant à l’étude de Kohler et al. (2010), « on parle souvent du travail de l’équilibre en appui sur surface instable. Pourtant dans la pratique sportive, c’est plutôt l’inverse qui est observé : il s’agit de manipuler des charges instables sur des appuis stables »; à l’exception bien entendu des disciplines de glisse (et encore… Behm et al., 2005) qui nécessitent de surmonter une charge stable sur une surface instable (ski alpin, ski nautique, wakeboard, voile, surf, hockey sur glace, beach volley, natation…). Et toutes les limites de l’entraînement en instabilité qui tendent à se confirmer tant au niveau proprioceptif qu’en terme de performance et de production de force tout particulièrement. Puisque « l’une des meilleures façons d’améliorer son équilibre, est d’améliorer sa force » (cf. Bosu squats vs Regular squats). Non ?

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Performance et surfaces instables

McBride le résume ainsi : l’instabilité peut entraîner une augmentation de l’activité des muscles associés, mais n’induit pas de gains observables dans la production de force mesurée. Seulement, comme nous l’avons explicité dans la précédente partie du dossier, chaque contraction musculaire optimale sur laquelle repose l’efficience d’un pattern de mouvement nécessite une chaine de stabilisation.

Grand (2012) présente le paradoxe mécanique et la stabilité par la relation suivante :

« stabilité = verrouillage + mobilité »  

📝 La stabilité articulaire, « un terme physiologique supplémentaire nécessitant une attention » que Riemann et Lephart (2002) définissent comme « l’état d’une articulation maintenant ou retrouvant rapidement un alignement approprié par une égalisation des forces ».

Il nous a paru important de mettre en avant ces deux conceptions pour mieux comprendre l’intérêt de la mobilité et des mécanismes de production de force (ici représentés par le verrouillage et qui sous-entendent le contrôle et la régulation du tonus musculaire) pour améliorer la stabilité et impliquer les facteurs proprioceptifs. Or, il n’y a qu’à se pencher sur les études pour comprendre qu’instabilité et production de force paraissent incompatibles (Behm et al., 2002; Anderson et Behm, 2004 (figure 6); McBride et al., 2006 (figure 7); Cressey et al., 2007; Behm et al., 2010) : ces derniers restent persuadés qu’au delà de l’intérêt du matériel d’instabilité pour les approches rééducatives comme la lombalgie et les avantages pour la santé et la variété qu’il peut amener, leur utilisation dans un programme d’hypertrophie, de développement de la force et de la puissance auprès d’athlètes entraînés n’est pas recommandée.

Attribuant à ces sollicitations sur surfaces instables, une altération du recrutement musculaire liée à l’excès de stress qu’oblige l’accentuation de l’instabilité et de la demande posturale (Behm et al., 2002). Une atténuation de l’amélioration des performances en saut et en sprints ayant été révélée suite à dix semaines d’entraînement du bas du corps sur un ou deux DynaDisc (Cressey et al., 2007). Ce qui contraste avec les nombreuses études ayant témoigné de l’efficience des surfaces stables dans l’amélioration du RFD sans compromettre les patterns de mouvements recherchés (Häkkinen et al., 2003), mais conforte les suppositions de Kiers et al.

Anderson et al. (2004) ont rapporté que la force produite lors d’un développé couché dans des conditions instables était diminuée de 59,6 % par rapport à des conditions de stabilité. Il en découle qu’un support instable compromet l’expression de la puissance (= force*vitesse) produite lors de la phase concentrique d’un mouvement à mesure que la charge augmente. Et entraîne une importante diminution du niveau de force faisant suite à la libération de l’énergie stockée lors d’une pré-contrainte excentrique (Cressey et al., 2007). Ceci s’expliquerait par un allongement du délai de la phase d’amorçage du cycle étirement-raccourcissement (stretch-shortening cycle : SSC) – dont la majorité des mouvements sportifs réalisés à des vitesses élevées dépendent grandement – et donc un retard de la contraction musculaire (Zemková, 2016). Illustrant le peu d’effets mesurés dans des conditions d’instabilité pouvant s’expliquer par cette relation stimuli-réponse insuffisante pour induire des processus adaptatifs du système neuromusculaire (Behm et al., 2015). Une manière contre-productive de conditionner son athlète à devenir plus… l-e-n-t, et loin d’être « antifragile ». Sans parler de toutes les conséquences liées à l’augmentation des contraintes, répercussions immédiates d’un SSC plus long.

Behm et Colado (2012) qui estiment d’une manière générale à 29 % (une valeur plus proche des standards de la littérature) le déficit de force moyenne pour une même tâche réalisée sur une surface instable contre une surface stable. Pour Cressey et al., « il n’est donc pas déraisonnable de penser que les effets d’un tel entraînement puissent nuire à l’optimisation de la production de force lorsqu’il est appliqué durant une période prolongée. Bien que l’activation accrue de l’antagoniste puisse aider à maintenir la stabilité de l’articulation, elle peut être contre-productive dans les tâches de force et de puissance. Le couple de force développé par l’antagoniste diminue le couple total dans la direction désirée et, par une inhibition réciproque [on préfère le terme de régulation], peut nuire à la capacité d’un individu à activer complètement ses muscles agonistes ». Et tout ce que cela implique en terme de perte de mobilité, comme nous l’avons mis en évidence dans la partie Contrôle moteur, contrôle musculaire et proprioception.

Ainsi, l’intégration d’un facteur d’équilibre dans ces types de programme ne peut donc pas fournir une charge suffisante pour l’hypertrophie et surtout le recrutement musculaire. Or, n’est-ce pas l’efficience de ce recrutement que l’on souhaite obtenir pour l’optimisation de la proprioception ? Et un peu comme un serpent qui se mordrait la queue, une diminution de la sensibilité proprioceptive d’un muscle (FNM) engendre une diminution de la capacité de production de force qui par le processus de coactivation musculaire, va induire une augmentation de la raideur passive de son antagoniste. Si vous voyez où nous voulons en venir.

Mean Maximal Isometric Contractions MVIC Force Between Stable And Unstable Protocols (Anderson Et Behm, 2004)

Figure 6 – Mean maximal isometric contractions (MVIC) force between stable and unstable protocols where the asterisk (*) signifies p , 0.01 (Anderson et Behm, 2004)

Mean Maximal Isometric Squat Force And Rate Of Force Development (RFD) In Stable And Unstable Conditions (McBride Et Al., 2006)

Figure 7 – Mean maximal isometric squat force and rate of force development (RFD) in stable and unstable conditions. * Significant (p  0.05) difference between stable and unstable conditions. (McBride et al., 2006)

Par conséquent, l’efficacité du travail en instabilité dépend de la population et des objectifs fixés : alors que son application lors des protocoles de rééducation nécessitant une restauration des fonctions articulaires parait pertinente, et nous le répétons encore, tout autant qu’elle semble l’être dans le cadre de la formation des jeunes athlètes sous certaines conditions (Behm et al., 2015), ou auprès des personnes âgées, sa transférabilité pour les disciplines sportives n’est pas prouvée et reste en suspens (Anderson et Behm, 2005). Ces mêmes auteurs qui jugent que l’impact sur l’équilibre de l’Instability Resistance Training « n’est pas clair » et questionne de son influence sur le moyen et le long terme.

D’une manière générale selon Kümmel et al. (2016), plus modérés, l’entraînement de l’équilibre aurait des effets positifs significatifs sur les populations saines concernant les tâches entraînées et n’aurait cependant que peu ou pas d’effets sur les autres modalités, indépendamment des similarités entre les tâches. Ajoutant que la non-transférabilité serait liée à une spécificité élevée des adaptations neuronales induites par l’entraînement. Leur méta-analyse bien que limitée en nombre d’études publiées, pose la question de l’absence de ces effets significatifs dans une grande partie de la littérature et y répondent par deux points : primo, une seule étude a étudié précisément la question (Giboin et al., 2015); deuxio, la grande diversité méthodologique des protocoles induisent des résultats variés ce que nous révélions plus haut.

Et tout l’intérêt de définir avec exactitude, en dépit du manque de données scientifiques pertinentes, les mouvements et position(s) à améliorer au regard de la spécificité de la discipline (si tel est l’objectif visé), tout autant que la pertinence des exercices proposés comme des tests et protocoles d’études à venir. En vue de valider ou de réfuter le bien-fondé de l’utilisation des surfaces instables pour une population sportive, Zemková (2016) concluant sur le déficit de puissance constaté avec les surfaces instables, une variation des effets selon : le type d’exercice, le dispositif utilisé, le niveau d’entraînement du sujet, le nombre de séries et de répétitions, la récupération… etc.

Indéniablement, si on applique ce principe de spécificité, l’efficacité des exercices de renforcement exécutés avec des équipements instables sur l’équilibre, la proprioception et le « core stability » nécessaires à une performance sportive réussie n’ayant à ce jour, ni été clairement démontrée ni prouvée; la méthode optimale pour favoriser l’amélioration de l’équilibre, la proprioception et la stabilité vertébrale pour une discipline donnée reste de pratiquer la technique sur la même surface que celle rencontrée en compétition (Willardson, 2004). La coordination intermusculaire ne pouvant être maximisée qu’au travers le pattern de mouvement cible (Schmidtbleicher, 2004). L’ensemble des résultats confortant les preuves antérieures du peu de transfert d’un équilibre statique vers un équilibre dynamique (Cressey et al., 2007). Et toute la réflexion à avoir et qui concerne la place centrale et les diverses implications de la qualité (physique) de force dans la performance (figure 8), qui s’ajoute aux recommandations de prudence et au recul à avoir quant à l’utilisation des surfaces instables appliquée à la préparation physique et d’une manière plus générale, aux entraînements.

Strength Is Specific In Many Different Ways Chris Beardsley

Figure 8 – Strength is specific in many different ways : différentes implications de la force. (Source : Strength & Conditioning Research – Chris Beardsley)

La proprioception, on l’a vu, se manifeste par le contrôle et la régulation de la posture et du geste avec lesquels elle fait le lien. De ce fait, n’est-ce pas par la recherche de stabilité au cours d’une variété de mouvements spécifiques à l’activité et selon les différentes modalités caractéristiques pour la production de force (type de surface, déplacement, position articulaire, vitesse, accélération, charge, intensité…) que l’on entraîne la proprioception ? Ajouté à cela notre conception du contrôle postural selon laquelle l’Homme n’est jamais en équilibre stable (cf. partie Homéostasie posturale, segmentaire et proprioception). Pourquoi dès lors vouloir nécessairement ajouter un matériel d’instabilité, d’autant plus accentué avec des situations en appui unipodal ? Et tout ce que cela peut comporter en terme d’informations supplémentaires à traiter… ou à rejeter, par le SNC et le système proprioceptif. Ce dernier rappelons le, reste avant tout un système de précision, l’objectif pour l’organisation sensori-motrice étant de produire par tous les moyens un mouvement le plus économique possible. Et finalement de se dire que l’entraînement en instabilité communément appliqué, c’est un peu comme si au jeu de fléchettes vous lanciez un tas en espérant que l’une d’elles touche la cible. Ou pique quelqu’un.

Dès lors, quelles perspectives pour l’entraînement de la proprioception ?

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Aspects pratiques et perspectives : comment aborder la proprioception dans vos entraînements ?

Ergen et al. (2008) soulignent à propos de l’entraînement proprioceptif (vous trouverez la définition plus bas) dans la manière dont il est envisagé dans de nombreuses pratiques sportives, le football notamment : dans une stratégie de prévention des blessures à long terme (pour les entorses de chevilles et les lésions aux genoux qui restent – logiquement – les blessures musculo-articulaires les plus courantes), il est particulièrement présent au cours de la préparation en pré-saison et dans la formation des jeunes athlètes.

Pour autant, et sans surprise après tout ce que nous venons de développer bien que ce ne soit pas la seule explication il en convient, cela n’empêche ni la récurrence (figure 9), ni les récidives (Arnason et al., 2004).

Et pour répondre à notre question introductive de la partie 1 : à l’image des joueurs du Real Madrid de notre photo principale et de la vidéo ci-dessous, des joueurs de l’équipe de France et encore du badiste français; vous l’aurez compris, ils effectuent des exercices d’équilibre (réponse 4) dont les effets sont extrêmement limités pour la prévention des blessures (prophylaxie) et insignifiants pour la proprioception et la performance globale durable (formulation chère à Benjamin Del Moral).

Premier League Saison 2016:2017 : Statistiques Des Blessures De Plus De 10 Jours

Figure 9 – Premier League : statistiques des blessures de plus de 10 jours (saison 2016/2017) (Source : Premier Injuries)

Le recrutement (temporel et spatial) pour ne pas dire l’activation musculaire ne sont autres que la finalité de procédés clairement avancés par un grand nombre de protagonistes : la reprogrammation motrice, posturale ou neuromusculaire (RNM). Mais sommes-nous réellement capables de reprogrammer le système nerveux ? Au vu de ses capacités d’adaptations, de la plasticité du cerveau et des avancées dans le domaine, il semblerait que oui… mais attention aux dérives.

Bien entendu, il existe des techniques comme celles que nous avons par exemple évoqué dans ce dossier, ou d’autres utilisées depuis quelques temps déjà comme le Kinesio taping (KT) dont l’utilisation s’est répandue à la suite d’une distribution massive lors des Jeux Olympiques de 2008 (Beijing), et pour lesquelles les effets sont également évalués dans la méta-analyse de Ghai et al. (2017). Sans compter les conceptions plus ou moins récentes et de plus en plus nombreuses qui s’inspirent des courants de la posturologie et des neurosciences. Bien évidemment, elles ne sont pas données à tout le monde puisqu’elles exigent tout autant de connaissances précises sur les approches neuroanatomiques qu’une parfaite maîtrise des techniques pour lesquelles quelques heures de formation semblent parfaitement illusoires et mensongères pour remplacer des années d’études et de pratiques (!). Quand ce n’est pas un titre, bien qu’éternel dilemme, il ne fait pas tout. Se former, être curieux et ouvert est une chose. Mais dans ce cas, et quand on a pas le recul nécessaire, il vaut mieux laisser faire les professionnels compétents (quand ils le sont), et arrêter de vouloir systématiquement se prendre pour des magiciens, des biomans ou tout autre super-héros à votre convenance, comme il y en a (et il y en aura toujours malheureusement). D’autant plus quand on joue avec le système nerveux, dont on ne peut maitriser toutes les réactions et avec lequel il convient de rester prudent et vigilant. La bourse ou la vie certains pourraient rétorquer, c’est bien ça le problème. Et toute l’importance de savoir bien s’entourer, d’être questionnant et pour nous professionnels, de collaborer efficacement ensemble sans se prendre pour d’autres.

Mais alors en perdant nos « supers pouvoirs », nous nous retrouvons totalement démunis ?

Dans la panacée des comics et des séries, souvenez vous de McGyver. A tout problème, il trouvait toujours une solution. A nous de faire de même sans pour autant tomber dans le farfelu.

Suite aux différents aspects que nous venons de développer tout au long de ce dossier, voyons quelle pourrait être la manière d’appréhender au plus juste la proprioception dans nos prises en charge et nos entraînements. Pour ne pas employer le terme savamment répandu d’entraînement proprioceptif qui pourrait être défini comme « l’intervention qui cible l’amélioration de la fonction proprioceptive. Il se concentre sur l’utilisation de signaux somatosensoriels tels que des afférences proprioceptives ou tactiles en l’absence d’informations provenant d’autres modalités telles que la vision. Son but ultime est d’améliorer ou de restaurer la fonction sensori-motrice » (Aman et al., 2015). Pour autant, il paraît simpliste de considérer que l’absence d’informations ou le simple fait de fermer les yeux permettrait d’améliorer l’efficacité de ce type d’entraînement.

Voici donc la démarche que nous vous proposons et sur laquelle vous aurez tout loisir de réagir de manière constructive :

Avant d’en aborder les aspects relatifs à une rééducation ou réathlétisation, focalisons nous sur la manière de concevoir l’entraînement proprioceptif en préparation physique.

Partons du constat fait par Jerome Simian (2017), préparateur physique en charge de plusieurs athlètes français, qui distinguait déjà dans la partie 1 la différence à faire entre position et posture : « Les meilleurs athlètes sont ceux qui maintiennent les meilleures positions soumis aux forces et aux vitesses les plus grandes, le plus longtemps possible si nécessaire ».

Dans cette optique, et en déduction de toutes les informations contenues dans ce dossier comme de la littérature scientifique utilisée, il s’avère que l’optimisation de la proprioception observe le même cheminement que la recherche du développement de la force, qualité centrale pour la performance. Puisque comme nous l’exprimions dans la précédente partie, en se rapportant aux propos d’Arnaud Ferec (2015), le contrôle musculaire est l’extension de la proprioception, essentielle à l’activité motrice. C’est surtout sur cet aspect que nous allons nous concentrer.

Notre champ d’action étant le système musculo-articulaire, cela paraît limpide, et plus précisément les fuseaux neuromusculaires (réflexe myotatique) qui jouent un rôle majeur dans la proprioception, le recrutement musculaire maintes fois exposé doit nous permettre, autrement que sur des surfaces instables qui n’ont dans ce cas aucun intérêt :

  • de réduire les latences proprioceptives,
  • d’optimiser les co-contractions agonistes-antagonistes en prévision des mouvements spécifiques réalisés à haute intensité.

Pour ce faire, outre l’amélioration de ce recrutement musculaire que l’on recherche, associée à la qualité contractile des muscles requise à une tâche quotidienne ou sportive dans des positions spécifiques, les paramètres de la proprioception pour le contrôle/la stabilité postural(e) et segmentaire, la mobilité et la motricité, et par ailleurs le bien-fondé de notre stratégie au travers desquelles nous devons être appliqués et minutieux :

  • la qualité des informations externes (exigences techniques, type de surface, feedbacks…) qui vont conditionner l’efficience des informations (internes) proprioceptives transmises par les récepteurs au SNC (notamment les FNM),
  • l’intensité (force, vitesse, amplitude, angulation, rythme…) de la ou des tâches réalisées. 

Puisque ne l’oublions pas la proprioception est un mécanisme de pro-action (mécanismes réactionnels), de pré-action (mécanismes anticipatoires) – d’où l’importance du contrôle de son corps – et de précision.

Ainsi, « plus on place de tâches dans un exercice (technique, équilibre) et moins l’on produit de rendement musculaire. Donc plus l’exercice est complexe et moins il sollicite musculairement et spécifiquement. » (PRO-FTS™)

De la même manière comme le souligne Jerome Simian dans son approche des mécanismes de mise en tension-renvoi, dont la qualité s’illustre par la production optimale de force/vitesse, et qui dépend en partie du taux de développement de la force (RFD) : « il est illusoire de vouloir enseigner la technique d’un sport à vitesse réelle si l’athlète n’a pas la capacité physique d’adopter ces positions. L’athlète doit acquérir les compétences de base c’est-à-dire être capable d’arranger ses segments dans un certain nombre de positions fondamentales et communes à toutes les disciplines. L’étape suivante est de rendre l’athlète capable d’entrer dans ces positions très rapidement sans qu’elles ne se déforment sous l’action de forces importantes. Une gradation de forces est utilisée dans ce cas pour augmenter l’habileté de l’athlète à absorber de grandes forces. Ces forces sont nécessaires pour la restitution ultérieure. […] Enfin lorsque l’athlète assimile ces habiletés, vient le moment de la restitution des forces dans la partie productive, spectaculaire du mouvement […] Cette phase est caractérisée par des contraintes de temps de développement de forces minimum à la bonne performance […] » et « […] intimement liée à la réussite des précédentes. »

Sur ce dernier point vous remarquerez toute la pédagogie et la subtilité d’un entraîneur de haut niveau, au travers de laquelle il s’agit de déterminer le(s) bon(s) exercice(s) ainsi que la charge optimale (et non maximale : cf. relation force-vitesse et les travaux de Jean-Benoit Morin) qui permettra de produire la force nécessaire et suffisante à la réalisation d’une technique ou d’une gestuelle efficace, le plus rapidement possible avec le minimum de contraintes… le plus longtemps possible si nécessaire. Puisque c’est en cela que s’expriment la proprioception et son entraînement pour un sportif (de haut niveau).

En tous les cas, cela souligne une nouvelle fois la prépondérance des appuis (injustement laissés-pour-compte) dans le système postural (capteur podal), la proprioception, la performance et il va s’en dire, la gestion du risque de blessures. Vous me direz que cette manière d’entrevoir l’entraînement de la proprioception comme n’importe quelle qualité physique, en terme de progressivité et de spécificité paraît d’une logique implacable. Et finalement qu’il n’y a aucune raison d’en faire « tout un fromage ». Et pourtant, au vu de tout ce que l’on observe par le biais de vidéos diffusées sur les réseaux sociaux présentant des exercices toujours plus « fun » les uns que les autres, il semblerait que cela aussi ne coule pas de source pour tout le monde. Alors quid des surfaces instables… ?

NB : Vous pourrez toujours demander à Jerome si lui aussi, il a utilisé des surfaces instables pour permettre à Kévin Mayer de réaliser cet enchaînement fentes avec switch :

Après bien évidemment, que ce soit pour une préparation physique, une rééducation/réathlétisation d’un(e) jeune sportif/ve, d’un sportif blessé ou pour la petite dame du quartier, les exigences ne vont pas être les mêmes. Pour autant, une constatation essentielle concernant les latences proprioceptives prises en compte dans notre démarche et précisées par Barsi (2012) – comme elles ont pu être développées dans ce dossier – valable pour un grand nombre de cas mais souvent mises de côté : « Le temps de réaction des muscles est toujours supérieur au temps nécessaire à provoquer l’entorse, que cela soit au genou ou à la cheville. Le préréglage de la tension musculaire par la contraction anticipée protégeant l’articulation évite de se trouver en état de vulnérabilité. Dans ces conditions, la contraction musculaire doit être une attitude protectrice préventive de la situation créant une lésion et non pas un rattrapage du déséquilibre articulaire. L’efficacité de la rééducation proprioceptive passe par l’automatisation d’un comportement musculaire d’anticipation. » En d’autres termes, il faut (ré)apprendre à nos sportifs/patients à s’adapter à toute sorte de situations inédites, par la répétition de tâches et l’emploi de régime(s) de contractions adapté(s) réalisés à différentes intensités progressivement incrémentées, avec au préalable et en parallèle, si nécessaire, une « (ré)éducation » posturale.

Voyons notre champ d’action point par point :

  • A des fins de rééducation et surtout d’une réathlétisation en vue d’améliorer l’acuité proprioceptive et la réactivité articulaire chez un patient/sportif : ne vous cantonnez plus à de simples exercices « posturaux » réalisés de manière lente. Apportez y progressivement de la vitesse dans l’exécution des mouvements employés, les tâches devant être de plus en plus spécifiques et complexes à mesure que vous vous rapprochez de la phase ultime de la rééducation, ou du Return to Sport (RtS) si elle s’adresse à un(e) sportif/ve.
  • Pensez également à la Stimulation Vibratoire Transcutanée (SVT : si ça peut vous rappeler vos cours de biologie et de géologie) conçue par Jean-Pierre Roll, qui reste une technique peu utilisée bien que des études scientifiques en aient validé l’intérêt thérapeutique concernant notamment le retour à la compétition pour les sportifs. Procédé qui est au passage, utilisé dans le protocole d’étude de Kiers et al. (2012).
  • Puis, dans la continuité vers une préparation physique incluant une approche prophylactique, les activités proposées doivent se concentrer sur des changements soudains dans le positionnement articulaire qui nécessitent un contrôle réflexe neuromusculaire. Et se focaliser prioritairement sur les différentes phases de réception lors de la marche, de la course et des sauts, des phases particulièrement propices aux blessures des membres inférieurs (Kynsburg et al., 2006). Ou encore des déplacements au sol, des changements de direction (CODs), des mouvements gymniques, des lancers et des réceptions avec des charges variées, à différentes vitesses et angulations; permettant d’imposer différents niveaux d’instabilité, et avec le temps, un effet d’entraînement qui permet à un athlète de mieux retrouver la stabilité dans les contextes athlétiques (Cressey et al., 2007). Tout l’intérêt, dans ce contexte, de proposer des exercices pliométriques, étape aussi essentielle que risquée si elle n’a pas été bien préparée. Ce qui, d’après les propos de Guy Ontanon, entraîneur d’athlétisme reconnu, est encore trop souvent le cas.

Préparation à l’entraînement proprioceptif

  • Ainsi avant toute chose, les premières questions à se poser sont : à quel public ou sportif s’adresse-t-on et quels sont ses objectifs ? Rééducation-réathlétisation ou préparation physique ?
  • Ensuite, comme avant toute intervention et je ne vous apprends rien en disant cela, il est primordial de questionner, d’observer et d’évaluer (dans la mesure du possible) votre patient/athlète afin de déterminer son profil, ses points forts, ses points faibles (son facteur limitant pour faire plaisir à Jerome), son ressenti : tout autant sa posture globale et segmentaire en statique et par dessus tout en dynamique lors de la réalisation de mouvements de base ou des mouvements spécifiques sur surfaces stables. Puisqu’aborder la proprioception, c’est d’abord considérer l’intégrité de l’ensemble des structures musculo-articulaires par la posture, la position et la motricité au travers desquelles elle s’exprime.
    Dans ce cadre, un bilan ostéopathique/posturologique et la détermination du profil musculaire semblent incontournables. Adressez-vous aux professionnels compétents si nécessaire (médecins, kinésithérapeutes, ostéopathes…).
  • Matériels et procédés d’évaluation (liste non-exhaustive) : plateforme de stabilométrie, testing musculaire manuel, isocinétisme, slope-box test, Beast sensor, Gymaware, tensiomyographie (TMG : détermination du profil musculaire)… etc.
  • En terme d’analyse ou de diagnostic, Arnaud Ferec « propose d’évaluer la proprioception par la capacité à produire de la force musculaire en course interne (figure 10) ou au plus proche afin de se focaliser sur l’action des fuseaux neuromusculaires qui vont produire des informations. En effet, l’application d’une force en course interne ou à proximité va avoir pour effet d’étirer les fibres musculaires et donc de stimuler les fuseaux neuromusculaires. »
Course Musculaire Interne Moyenne Externe

Figure 10 – Exemple de courses musculaires

  • À partir de là, les choix vont se porter sur les modalités de contraction musculaire à employer et surtout sur la manière de les agencer pour parvenir à optimiser le recrutement musculaire des zones cibles dont l’activation est primordiale pour la proprioception. Mais également pour l’efficience des cocontractions agoniste(s)-antagoniste(s) essentielles à la réalisation et à la régulation du/des mouvement(s) souhaité(s). Qui dit mouvement dit nécessairement production de force (au sol particulièrement) qualité centrale pour la performance… et pour la proprioception. Mais n’oublions pas que « sans maitrise, la puissance n’est rien » et toute l’importance encore une fois, du contrôle que l’on doit avoir. Puisqu’il est fondamental de produire du mouvement tout en réduisant la quantité de perturbations et de contraintes préjudiciables à la performance et pouvant être des facteurs de blessures. Là encore, il convient de respecter une progressivité tout autant valable pour une rééducation/réathlétisation qu’une préparation physique.
  • En vue justement d’une recherche d’activation ou de recrutement musculaire, en veillant à minimiser les compensations néfastes et outrepasser les restrictions précisées dans ce dossier, et sans contraindre les structures physiologiques comme cela peut être le cas lors de mouvements « forcés », l’isométrie reste une méthode avantageuse pour ne pas dire incontournable avant chaque séance, ou au cours d’une ou plusieurs sessions selon les besoins. « La méthode d’entraînement la plus méconnue » pour reprendre le titre de l’article de Christian Thibaudeau vers lequel je vous renvoie, qui peut parfaitement précéder les sollicitations concentriques en course interne (citées plus haut) afin de cibler plus précisément l’action des FNM.
  • Avant de poursuivre vers des modalités excentriques qui restent essentielles pour préparer les structures musculo-articulaires aux contraintes plus extrêmes notamment rencontrées à l’entraînement (situations pliométriques par exemple, que nous abordions plus haut) mais aussi et surtout, en compétition. Ce que me confirmais encore récemment, de par ses observations de terrain, un médecin affilié à la Fédération Française d’Athlétisme (FFA).

Quelques recommandations et exemples de situations : 

  • L’approche progressive et durable (> 6 semaines ?) d’une combinaison de mouvements passifs et actifs avec et sans feedback(s) visuel(s) resterait la plus bénéfique pour une rééducation d’une large population clinique souffrant d’un déficit proprioceptif de nature neurologique ou musculo-squelettique (Aman et al., 2015). Elle est selon Lephart et al. (1997) considérée comme la première des quatre étapes (objectifs) de la restauration progressive proprioceptive et du contrôle neuromusculaire chez un athlète, suite à une blessure (afin de récupérer et de retrouver) :
    – 1) le sens de la position articulaire, 
    – 2) la stabilisation dynamique de l’articulation en stimulant la coactivation musculaire par utilisation de charges instables,
    – 3) la réactivation du contrôle neuromusculaire par l’intermédiaire d’exercices pliométriques,
    – 4) les activités/tâches fonctionnelles spécifiques.
    La priorité étant d’encourager la décharge maximale des afférences au niveau du SNC afin de stimuler les récepteurs musculo-articulaires et d’intégrer les trois niveaux de contrôle moteur dans les activités visant aux remédiations et à l’amélioration de la proprioception (Ergen et Ulkar, 2008).
  • L’utilisation des charges instables, citées dans l’étape 2 du protocole de Lephart et al. et étudiées par Lawrence et Carlson (2015) (photo 7) pourrait être une nouvelle piste de travail : « l’aspect spécifique, cumulé à une baisse de la charge externe en kilogrammes et à une augmentation de la concentration pourraient en faire un outil particulièrement pertinent lors des périodes d’approche compétitives, et compléterait avantageusement le travail de puissance pour un transfert optimal » (Broussal-Derval et Delacourt, 2015). A discuter.

Photo 7 – Exemple de charges Instables. Poids suspendus par des bandes élastiques. (Lawrence Et Carslon, 2015)

  • Le développement de la fonction motrice au niveau du tronc cérébral, peut être obtenu en effectuant des exercices sollicitant la posture et l’équilibre. Dans un contexte plus « sport-specific » pour aborder l’instabilité, songez aux exercices unilatéraux et/ou en appui unipodal sur surfaces stables (Cressey et al., 2007). La finalité étant de chercher à améliorer la réactivité musculaire et motrice et la diminution des temps de réaction par la répétitions de situations variées, pouvant permettre au cortex cérébral de déterminer le modèle moteur le plus efficient et de diminuer potentiellement le temps de réponse réflexe pour corriger une perturbation, qui reste une des problématiques non résolues dans la genèse des blessures au cours de la pratique des sports à haute intensité.
  • De là, et pour être au plus proches des contraintes rencontrées dans la pratique compétitive, imposer un temps imparti à la réalisation d’une tâche donnée peut forcer l’athlète à générer consciemment la co-activation musculaire et aboutir à ce que Bas Van Hooren définit comme le « preflex control » (figure 4 : cf. partie Coactivation musculaire, réflexes et proprioception)
  • Concernant la durée et la fréquence optimales pour les entraînements proprioceptifs, elle semblerait être de 6 semaines sans pour autant être confirmée puisque des effets ont pu être décelés après 45 minutes d’une séance unique. Vous trouverez dans l’encadré ci-après les recommandations de Ergen et Ulkar. En définitive sur ce dernier point, si vous souhaitez apporter une plue-value dans votre manière d’aborder la proprioception, gardez à l’esprit que comme elle qui requiert des informations précises, elle doit être entraînée avec PRÉ-CI-SION.
  • Des situations proprioceptives sont plus adaptées à certaines classes d’âge qu’à d’autre. En conséquence, adaptez la planification à long terme (Broussal-Derval et Delacourt, 2015).
  • Nous en parlions dans la présentation de notre démarche : l’art du coaching et toute l’importance des exercices choisis mais surtout des consignes et des explications que vous transmettez à votre athlète pour améliorer son apprentissage, favoriser son ressenti et maximiser la conscience de son corps. La fameuse connexion du corps et de l’esprit, en un simple terme : la pédagogie. A ne négliger aucunement, et peut-être ce qu’il y a de plus important à retenir. Puisqu’elle est selon Simian, « la formation de l’intention de l’action prochaine ».
  • Et un précepte au développement de l’attention et de la vigilance de l’athlète dans sa capacité à sélectionner et à traiter les informations pertinentes de manière efficiente : un axe fondamental à approfondir continuellement…
  • Tout cela dans l’intérêt majeur de nos patients/athlètes et la formation des sportifs de demain. Paris 2024 (entre autre) n’est finalement pas si loin.

Recommandations pour l’entraînement proprioceptif (selon Ergen et Ulkar, 2008) :

  • Nombre d’exercices : 2-5
  • Nombre de répétitions : 10-15
  • Nombre de séries : 1-3
  • Durée totale de l’entraînement : prévention <5-15 minutes> rééducation/réathlétisation
  • Fréquence hebdomadaire : 3-5

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Vous serez certainement nombreux à constater que cet article est à contre-courant des croyances actuelles sur la proprioception et l’utilisation des surfaces instables. Et vous pourrez ne pas être en accord avec ce qui est écrit et avancé, malgré les nombreuses justifications et références sur lesquelles nous nous sommes appuyés. En toute franchise, c’est le jeu. Pour autant, les idées sont fondées et tout professionnel qui se considère comme tel ne doit passer outre. La créativité est une chose, mais il y a des limites. Comme à mon habitude, j’aime pousser à la réflexion et à l’échange, ce qui pour certains, limités sur ces deux aspects semble-t-il, s’apparente à de la « branlette intellectuelle ». Au final, l’idée n’est pas tant de savoir dans quelle catégorie l’on se classe : pro ou anti-instabilité; mais bien de savoir pourquoi on l’utilise et si tel est le cas comment on l’applique. Bien entendu, dans un principe de rééducation, réathlétisation et de variabilité des contenus proposés, surtout pour une population « générale » ou de sportifs occasionnels ayant des objectifs de santé plus que de performance; ou pour envisager une discipline où l’instabilité est inhérente à sa pratique, les différents « joujous » comme parfois on les nomme, peuvent avoir leur intérêt. Dans d’autres circonstances nettement moins, voire aucun pour les avis plus tranchés. Au final, suivre une tendance est une chose. La comprendre en est une autre. Pour les sceptiques qui ont à charge des sportifs ayant des objectifs de performance, je leurs dédie ces mots : si vous voulez continuer d’imaginer que le simple fait d’effectuer des exercices sur des surfaces instables va permettre à vos athlètes d’améliorer leur équilibre global, leur performance sportive et contribuer à une réduction du risque de blessures. Et par dessus tout à faire de la proprioception, c’est votre choix. « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis », dit-on. Ce n’est que le mien, comme dirait un certain Stéphane Morin. Mais à force de prendre vos sportifs pour des « clowns de cirque » afin de rester dans la tendance, conforter votre ignorance ou amuser la galerie en quête de petits pouces bleus, ne vous étonnez pas si un jour on vous propose à dîner un mercredi soir. Pour les amateurs, on apportera le « fromage » et rassurez-vous, également le dessert… Et nous remettrons le couvert si nécessaire.

Olivier Allain

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Références

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PainScience (Paul Ingraham) : Proprioception, the True Sixth Sense

SimpliFaster Blog (Bob Alejo) : Nailing the Coffin Shut on Instability Training Ideas

Site Xavier Barbier – Préparateur physique : La vérité à propos de l’entraînement sur surfaces instables

Site Xavier Barbier – Préparateur physique (Arnaud Ferec) : Proprioception, contrôle moteur et préparation physique

Strength & Conditioning Research (Chris Beardsley) : When *are* strength gains specific?

Strength Sensei (Charles Poliquin) : L’entraînement proprioceptif, oui ou non ?

Thibarmy (Christian Thibaudeau) : Isometrics: the most underrated training tool


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